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qui se manifeste de si bonne heure, répand la terreur dans l’équipage. Nous prîmes des bonites et des requins.

Du 5 et du 6. Hier, à trois heures de nuit, il fit un orage épouvantable qui nous obligea de tout amener, hors la misaine. Je remarquai constamment que le lever de la lune dissipe les nuages d’une manière sensible. Deux heures après qu’elle est sur l’horizon, le ciel est parfaitement net. Nous eûmes, ces deux jours, du calme mêlé de grains pluvieux.

Le 7, nous prîmes des bonites. Je vis couper, avec des ciseaux, du verre dans l’eau, avec une grande facilité, effet dont j’ignore la cause.

Le 8 et le 9, on prit un requin, des sucets et deux thons. Quoique près de la Ligne, la chaleur ne me parut pas insupportable ; l’air est rafraîchi par les orages.

Le 10, on annonça le baptême de la Ligne, dont nous étions à un degré. Un matelot, déguisé en masque, vint demander au capitaine à faire observer l’usage ancien. Ce sont des fêtes imaginées pour dissiper la mélancolie des équipages. Nos matelots sont fort tristes, le scorbut gagne insensiblement, et nous ne sommes pas au tiers du voyage.

Le 11, on fit la cérémonie du baptême… On rangea les principaux passagers le long d’un cordon, les pouces attachés avec un ruban. On