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sent connus des passagers, et même de leurs officiers, et que quand quelqu'un d'eux venait pour quelque service dans la chambre, ou sur l'arrière, nous y faisions moins d'attention que si c'eût été un chat ou un chien: tant l'homme pauvre et misérable est rendu étranger à l'homme, son semblable, par nos institutions ambitieuses!

Je reprends le fil de mon journal.


AVRIL, 1768.

Le 1^{er}, nous vîmes des requins, et on en prit un, avec une bonite. Je compte réunir mes observations sur les poissons à la fin du journal de ce mois.

Le 2, nous eûmes du calme mêlé d'orage. Nous sommes sur les limites des vents généraux du pôle austral. L'après-midi, nous essuyâmes un grain qui nous fit amener toutes nos voiles.

Nous approchons de la Ligne. Il y a très-peu de crépuscule le soir et le matin.

Le 3, nous prîmes des bonites et un requin. Nous étions constamment entourés de la même troupe de thons.

Le 4, nous eûmes un ciel orageux. Nous entendîmes le tonnerre, et nous essuyâmes un grain,

On jeta à la mer un matelot mort du scorbut; plusieurs autres en sont affectés: cette maladie,