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son âge, du lieu de sa naissance, à quoi l'on ajoute presque toujours quelque trait de ses m[oe]urs qui le caractérise.On en trouve des exemples fréquens dans des relations même faites par des vice-amiraux, commodores, commandans, etc. Le capitaine Cook surtout y est fort exact dans ses voyages autour du monde. Cet usage est une preuve du patriotisme et du fonds d'humanité qui règne parmi ces nations. D'ailleurs, dans le journal d'un vaisseau, le nom, les m[oe]urs et la famille d'un matelot qui périt à son service, doivent être au moins aussi intéressans pour des hommes que le nom, les m[oe]urs et la famille d'un poisson ou d'un oiseau de marine, pris en pleine mer, dont nos marins ne manquent pas d'enrichir leurs journaux, quand ils en trouvent l'occasion. Bien plus, il n'y a pas une vergue cassée, ou une man[oe]uvre rompue sur le vaisseau, dont ils ne vous tiennent compte; le tout pour se donner un air savant et entendu aux choses de la mer. Voilà ce que j'ai tâché moi-même d'imiter dans mon journal, séduit par les exemples nationaux, et par l'éducation de mon pays, qui ramène chacun de nous à être le premier partout où il se trouve, et, par conséquent, à mépriser tout ce qui est au-dessous de soi, et à haïr souvent ce qui est au-dessus. Comme j'avais l'honneur d'être officier de sa majesté, dans le grade de capitaine-ingénieur, je n'ai pas cru que des matelots