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servée chez tous les peuples. Selon Juba, l'île Canarie prit son nom de la grandeur des chiens qu'on y élevait. Les Espagnols, à qui elles appartiennent, en tirent d'excellente malvoisie.

Les 17, 18 et 19, nous passâmes au milieu des îles, laissant Ténériffe à gauche et Palme à droite; Gomère nous resta à l'est. Je dessinai la vue de ces îles, qui sont sillonnées de ravins très-profonds, entre autres l'île de Palme.

Nous vîmes un poisson volant. Une huppe vint se reposer sur notre vaisseau, et prit son vol à l'ouest: elle était d'un rouge couleur d'orange; ses ailes et son aigrette marbrées de blanc et de noir, son bec noir comme l'ébène et un peu recourbé.

Le 20, nous laissâmes l'île de Fer à l'ouest, et nous perdîmes de vue toutes ces îles. La vue de ces terres, situées sous un si beau climat, nous inspira bien des vœux inutiles. Nous comparions le repos, l'abondance, l'union et les plaisirs de ces insulaires, à notre vie inquiète et agitée. Peut-être, en nous voyant passer, quelque malheureux Canarien, sur un rocher brûlé, faisait des vœux pour être à bord d'un vaisseau qui cinglait à pleines voiles vers les Indes orientales.

Le 21, nous vîmes une hirondelle de terre, ensuite un requin. Tant que nous fûmes dans le parage de ces îles, nous eûmes du calme le jour, et le vent ne s'élevait qu'au soir.