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adouci leurs mœurs, il ne leur resta plus qu'un certain esprit d'indépendance et de liberté qui s'adoucit encore par la société de beaucoup d'honnêtes gens qui vinrent s'établir à Bourbon pour s'y livrer à l'agriculture. On compte soixante mille noirs à Bourbon, et cinq mille habitans. Cette île est trois fois plus peuplée que l'Ile-de-France, dont elle dépend pour le commerce extérieur. Elle est aussi bien mieux cultivée. Elle avait produit, cette année, vingt mille quintaux de blé, et autant de café, sans le riz et les autres denrées qu'elle consomme. Les troupeaux de bœufs n'y sont pas rares. Le roi paie le cent pesant de blè 15 liv.; et les habitans vendaient le quintal de café 45 liv. en piastres, ou 70 liv. en papiers.

Le principal lieu de Bourbon est Saint-Denis, où résident le gouverneur et le conseil. On n'y voit de remarquable qu'une redoute fermée, construite en pierre, mais qui est située trop loin de la mer; une batterie devant le Gouvernement, et le pont-levis dont j'ai parlé. Il y a derrière la ville une grande plaine qu'on appelle le Champ de Lorraine.

Le sol m'a paru plus sablonneux à Bourbon qu'à l'île-de-France: il est mêlé, à quelque distance du rivage, du même galet roulé dont les bords de la mer sont couverts; ce qui prouve qu'elle s'en est éloignée, ou que l'île s'est élevée: ce qui me paraît possible, si l'on en juge par l'in-