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pluie rendait dangereux. Nous nous trouvâmes au fond entre les deux montagnes, dans une des plus étranges solitudes que j'aie jamais vues; nous étions comme entre deux murailles, le ciel sur notre tête et la mer sur notre droite. Nous passâmes le ruisseau, et nous parvînmes enfin sur le bord opposé de la Chaloupe; il règne au fond de ce gouffre un calme éternel, quoique le vent soit très-frais sur la montagne.

A deux lieues de Saint-Paul, nous entrâmes dans une vaste pleine sablonneuse, qui s'étend jusqu'à la ville. Elle est bâtie comme celle de Saint-Denis. Ce sont de grands emplacemens bien alignés, entourés de haies, au milieu desquels est une case où loge une famille. Ces villes ont l'air de grands hameaux. Saint-Paul est situé sur le bord d'un étang d'eau douce, dont on pourrait, je crois, faire un port.

Il était nuit quand nous y arrivâmes; nous étions très-fatigués, et nous ne savions où loger, ni même où trouver du pain; car il n'y a point de boulanger à Saint-Paul.

Mon premier soin fut de parler au capitaine de la Normande, que je trouvai heureusement à terre. Il me dit qu'il ne se chargerait point de notre passage sans un ordre du gouverneur de l'Ile-de-France, qui alors était à Saint-Denis; qu'au reste il ne partait que le lendemain matin.

Sur-le-champ j'écrivis au gouverneur et à mademoiselle de Crémon. Je donnai mes deux lettres