Page:Voyage à l Ile de France 1.pdf/243

Cette page n’a pas encore été corrigée

A trois heures après midi, l'ouragan se déclara avec un bruit effroyable; tous les vents soufflèrent successivement. La mer battue, agitée dans tous les sens, jetait sur la terre des nuages d'écume, de sable, de coquillages et de pierres. Des chaloupes, qui étaient en radoub à cinquante pas du rivage, furent ensevelies sous le galet; le vent emporta un pan de la couverture de l'église, et la colonnade du Gouvernement. L'ouragan dura toute la nuit, et ne cessa que le 3 au matin.

Le 6, deux navires revinrent au mouillage; c'étaient le petit bateau et la gaulette: ils apportaient une lettre du Penthièvre, qui avait perdu son grand mât de perroquet. Pour eux, ils n'avaient éprouvé aucun accident. En tout, les petites destinées sont les plus heureuses.

Le 8, le Géryon parut. Il avait relâché à l'Ile-de-France; il nous apprit que la tempête y avait fait périr, à l'ancre, la flûte du roi, la Garonne.

Enfin, jusqu'au 19, on eut successivement nouvelle de tous les vaisseaux, à l'exception de l'Amitié et de l'Indien. La force et la grandeur de l'Indien semblaient le mettre à l'abri de tous les événemens, et nous ne doutâmes pas qu'il n'eût continué sa route pour faire ses vivres au cap de Bonne-Espérance, et de là aller en France. Je savais d'ailleurs que c'était le projet du capitaine.

Le 19, au matin, on signala un vaisseau;