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On ne douta plus que ce ne fût l'ouragan. On tira bien avant sur la terre les pirogues qui étaient sur le galet; et chacun se hâta de soutenir sa maison avec des cordes et des solives.

Il y avait au mouillage, l'Indien, le Penthièvre, l'Amitié, l'Alliance, le Grand Bourbon, le Géryon, une gaulette et un petit bateau. La côte était bordée de monde qu'attirait le spectacle de la mer et le danger des vaisseaux.

Sur le midi, le ciel se chargea prodigieusement, et le vent commença à fraîchir du sud-est. On craignit alors qu'il ne tournât à l'ouest, et qu'il ne jetât les vaisseaux sur la côte. On leur donna, de la batterie, le signal du départ, en hissant le pavillon, et tirant deux coups de canon à boulet. Aussitôt ils coupèrent leurs câbles et appareillèrent. Le Penthièvre abandonna sa chaloupe, qu'il ne put rembarquer. L'Indien, mouillé plus au large, fit vent arrière sous ses quatre voiles majeures. Les autres s'éloignèrent successivement. Des noirs, qui étaient dans une chaloupe, se réfugièrent à bord de l'Amitié. Le petit bateau et la gaulette se trouvaient déjà dans les lames, où ils disparaissaient de temps en temps; ils semblaient craindre de se mettre au large; enfin ils appareillèrent les derniers, attirant à eux l'inquiétude et les vœux de tous les spectateurs. Au bout de deux heures toute cette flotte disparut dans le nord-ouest, au milieu d'un horizon noir.