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à Bourbon, et souvent un mois pour en revenir. Elle paraît de loin comme une portion de sphère; ses montagnes sont fort élevées. On y cultive, dit-on, la terre à huit cents toises de hauteur. On donne seize cents toises d'élévation au sommet des Trois-Salases, qui sont trois pics inaccessibles.

Ses rivages sont très-escarpés; la mer y roule sans cesse de gros galets; ce qui ne permet qu'aux pirogues d'aborder sans se briser. On a construit à Saint-Denis, pour le débarquement des chaloupes, un pont-levis soutenu par des chaînes de fer. Il avance sur la mer de plus de quatre-vingts pieds. A l'extrémité de ce pont est une échelle de corde, où grimpent ceux qui veulent aller à terre. Dans tout le reste de l'île, on ne peut débarquer qu'en se jetant à l'eau.

Comme l'Indien devait rester trois semaines au mouillage pour charger du café, plusieurs passagers résolurent de rester quelques jours dans l'île, et d'aller même attendre à Saint-Paul, sept lieues sous le vent, que notre vaisseau vînt y compléter sa cargaison.

Je me décidai moi-même à descendre à terre, par la disette de vivres où nous nous trouvions à bord, et par l'exemple du capitaine et d'un grand nombre d'officiers de différens vaisseaux.

Le 25, après midi, je m'embarquai seul dans une petite yole; et, malgré la brise qui était très-violente, à force de gouverner à la lame, je dé-