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LETTRE XIX.

DÉPART POUR FRANCE. ARRIVÉE A BOURBON. OURAGAN.


Après avoir obtenu la parmission de retourner en France, je me disposai à m'embarquer sur l'Indien, vaisseau de 64 canons.

Je donnai la liberté à Duval, cet esclave qui portait votre nom; je le confiai à un honnête homme du pays, jusqu'à ce qu'il eût acquitté par son travail quelque argent dont il était redevable à l'administration. S'il eût parlé français, je l'aurais gardé avec moi. Il me témoigna par ses larmes le regret qu'il avait de me quitter. Il m'y paraissait plus sensible qu'au plaisir d'être libre. Je proposai à Côte d'acheter sa liberté, s'il voulait s'attacher à ma fortune. Il m'avoua qu'il avait dans l'île une maîtresse dont il ne pouvait se détacher. Le sort des esclaves du roi est supportable: il se trouvait heureux; c'était plus que je ne pouvais lui promettre. J'aurais été très-aise de ramener mon pauvre Favori dans sa patrie; mais quelques mois avant mon départ, on me prit mon chien. Je perdis en lui un ami fidèle que j'ai souvent regretté.

Quelques jours avant de partir, je revis Autourou, cet insulaire de Taïti, que l'on ramenait dans son pays, après lui avoir fait connaître les m[oe]urs de l'Europe. Je l'avais trouvé, à son