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rait impossible de faire ce chemin à cheval. On s'opposerait aisément à la marche d'une troupe ennemie, chaque rivière étant un fossé d'une profondeur effrayante. Quant au pays, il m'a paru la plus belle portion de l'île.

Sur le minuit, la fièvre me quitta et je m'endormis. A trois heures et demie du matin, mon chien me réveilla, et sortit de l'ajoupa en aboyant de toutes ses forces. J'appelai Côte et lui dis de se lever. Je sortis avec mes armes; mais je ne vis qu'un ciel bien étoilé. Mon noir revint au bout de quelques momens, et me dit qu'il avait entendu siffler deux fois auprès du bois. Je fis rallumer le feu; j'ordonnai à mes gens de veiller et je posai Côte en sentinelle avec mon sabre.

La mer venait briser dans les rochers, presque jusqu'à ma chaumière. Ce fracas joint à l'obscurité m'invitait au sommeil; mais je n'étais pas sans inquiétude: j'étais à cinq lieues de toute habitation, si la fièvre me reprenait, je ne savais où trouver des secours. Les noirs marrons me donnaient peu de crainte: mes deux noirs paraissaient bien déterminés, et j'étais dans un lieu où je pouvais soutenir un siége. Après tout, je me félicitai de ne m'être pas campé dans le bosquet.

Dès qu'on put distinguer les objets, je fis boire un verre d'eau-de-vie à mes factionnaires, et je me mis en route: ils commençaient à être