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par la difficulté de revenir au vent du port en doublant le morne Brabant.


LE 3 SEPTEMBRE.

M. Étienne et M. de Clèzemure, capitaine du Désir, vinrent m'accompagner jusqu'au bord de la rive gauche de la Savanne, qui est encore plus escarpée que la rive droite; en cet endroit leurs chiens forcèrent un cerf. Je pris congé d'eux pour faire seul les douze lieues qui restaient dans un pays où il n'y a plus d'habitans.

J'observai, chemin faisant, que la prairie devenait plus large, les bois plus épais et plus beaux. Les montagnes sont enfoncées dans l'intérieur; on n'en voit que les sommets dans le lointain.

De temps en temps je trouvai quelques ravins. En deux heures de marche, je passai trois rivières à gué. La seconde, qui est celle des Anguilles, est assez difficile; son lit est plein de rochers, et son courant rapide. Il s'y jette des sources d'eau ferrugineuse qui la couvrent d'une huile couleur de gorge-de-pigeon.

Chemin faisant, je vis un de ces éperviers appelés mangeurs de poules. Il était perché sur un tronc de latanier; je l'ajustai presque à bout portant, les deux amorces de mon fusil s'embrasèrent et les coups ne partirent pas. L'oiseau resta tranquille, et je le laissai là. Cette petite aventure