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mer. Dans les gros temps ce passage est impraticable; la mer s'y engouffre et y brise d'une manière effroyable. En calme, les petits vaisseaux entrent dans l'anse, au fond de laquelle ils chargent du bois. Heureusement il s'y trouva le Désir, senau du roi: il nous prêta sa chaloupe pour passer le détroit. M. Le Normand me conduisit de l'autre côté, et nous nous dîmes adieu en nous embrassant cordialement.

J'arrivai, en trois heures de marche sur une pelouse continuelle, au-delà de la pointe de deSaint-Martin. Souvent j'allais sur le sable, et quelquefois sur ce gazon fin, qui croît par flocons épais comme la mousse. Dans cet endroit je trouvai une pirogue, où M. Étienne, associé à l'habitation de Belle-Ombre, m'attendait. Nous fûmes en peu de temps rendus à sa maison, située à l'entrée de la rivière des citronniers. On construisait, sur la rive gauche un vaisseau de deux cents tonneaux.

Depuis M. Le Normand, toute cette partie est d'une fraîcheur et d'une verdure charmante: c'est une savanne sans roche, entre la mer et les bois, qui sont très-beaux.

Avant de passer le Cap, on remarque un gros banc de corail, élevé de plus de quinze pieds. C'est une espèce de récif que la mer a abandonné: il règne au pied une longue flaque d'eau dont on pourrait faire un bassin pour de petits vaisseaux. Depuis le morne Brabant, il y a, au