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mante; mais il n'y a pas d'eau. Comme je descendais ce monticule, un noir vint au-devant de moi avec une carafe pleine d'eau fraîche, et m'annonça que l'on m'attendait à la maison. J'y arrivai. C'était une longue case de palissades, couverte de feuilles de latanier. Toute l'habitation consistait en huit noirs, et la famille en neuf personnes: le maître et la maîtresse, cinq enfans; une jeune parente et un ami. Le mari était absent; voilà ce que j'appris avant d'entrer.

Je ne vis dans toute la maison qu'une seule pièce; au milieu, la cuisine; à une extrémité, les magasins et les logemens des domestiques; à l'autre bout, le lit conjugal, couvert d'une toile sur laquelle une poule couvait ses œufs; sous le lit, des canards; des pigeons sous la feuillée, et trois gros chiens à la porte. Aux parois étaient accrochés tous les meubles qui servent au ménage ou au travail des champs. Je fus véritablement surpris de trouver dans ce mauvais logement une dame très-jolie. Elle était Française, née d'une famille honnête, ainsi que son mari. Ils étaient venus, il y avait plusieurs années, chercher fortune; ils avaient quitté leurs parens, leurs amis, leur patrie, pour passer leur vie dans un lieu sauvage où l'on ne voyait que la mer et les escarpemens affreux du morne Brabant: mais l'air de contentement et de bonté de cette jeune mère de famille semblait rendre heureux tout ce qui l'approchait. Elle allaitait un de ses enfans; les qua-