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une meute, vient se jeter à la merci de l'homme. Je m'arrêtai au premier ruisseau qu'on trouve après avoir passé les deux Rivières-Noires: il se jette à la mer vis-à-vis un petit îlot appelé l'îlot du Tamarin, qui n'est pas sur la carte; on y va à pied à mer basse, et à l'îlot du Morne, où quelquefois l'on met les vaisseaux en quarantaine.

J'avais tout ce qui était nécessaire à mon dîner, hors la bonne chère. Je vis passer le long du rivage une pirogue pleine de pêcheurs malabares. Je leur demandai s'ils n'avaient point de poisson; ils m'envoyèrent un fort beau mulet, dont ils ne voulurent pas d'argent. Je fis mettre ma cuisine au pied d'un tatamaque: j'allumai du feu; un de mes noirs fut chercher du bois, l'autre de l'eau, celle de cet endroit étant saumâtre. Je dînai très-bien de mon poisson, et j'en régalai mes gens.

J'observai des blocs de roche ferrugineuse très-abondante en minéral. Il y a une bande de rescifs qui s'étend depuis la Rivière-Noire jusqu'au morne Brabant, qui est la pointe de l'île, tout-à-fait sous le vent. Il n'y a qu'un passage pour venir à terre derrière le petit îlot de Tamarin.

A deux heures après midi je partis, mettant plus d'ordre dans ma marche. J'allais faire plus de vingt lieues dans une partie déserte de l'île, où il n'y a que deux habitans. C'est là que se réfugient les noirs marrons. Je défendis à mes