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LE 31.

Je partis à six heures du matin. Je passai la première Rivière-Noire à gué, près de la maison; Ensuite ayant voulu couper une petite presqu'île couverte de bois et de pierres, je m'embarrassai dans les herbes, et j'eus beaucoup de peine à retrouver le sentier; il me mena sur le rivage, que je côtoyai, la marée étant basse. Sur toute cette plage, il y a beaucoup d'huîtres collées aux rochers: Duval, mon nouveau noir, se coupa le pied profondément en marchant sur leurs écailles: c'était à l'une des deux embouchures de la petite Rivière-Noire. Nous fîmes halte en cet endroit sur les huit heures du matin: je lui fis bassiner sa plaie, et boire de l'eau-de-vie, ainsi qu'à Côte. Comme ils étaient fort chargés, je pris le parti de faire deux haltes par jour, qui coupassent mes deux courses du matin et du soir, et de leur donner alors quelques rafraîchissemens. Cette légère douceur les remplit de force et de bonne volonté: ils m'eussent volontiers suivi ainsi jusqu'au bout du monde.

Entre les deux embouchures de la Rivière-Noire, un cerf poursuivi par des chiens et des chasseurs vint droit à moi. Il pleurait et bramait: ne pouvant pas le sauver, et ne voulant pas le tuer, je tirai un de mes coups en l'air. Il fut se jeter à l'eau, où les chiens en vinrent à bout. Pline observe que cet animal, pressé par