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lettes, d'autres tout hérissées d'épines; des chiens de mer, des congres monstrueux qui serpentaient sur le pavé; de grands paniers pleins de crabes et de homards; des monceaux d'huîtres, de moules, de pétoncles; des merlus, des soles,

des turbots

. . . . .

enfin une pêche miraculeuse

comme celle des apôtres.

Ces bonnes gens en ont la bonne foi et la piété: quand on pêche la sardine, un prêtre va avec la première barque, et bénit les eaux. C'est l'amour conjugal des vieux temps: à mesure qu'ils arrivaient, leurs femmes et leurs enfans se pendaient à leurs cous. C'est donc parmi les gens de peine que l'on trouve encore quelques vertus; comme si l'homme ne conservait des mœurs, qu'en vivant toujours entre l'espérance et la crainte.

Cette partie de la côte est fort poissonneuse. Les mêmes espèces de poissons y sont, pour la plupart, plus grandes qu'aux autres endroits; mais elles sont inférieures pour le goût. On m'a assuré que la pêche de la sardine rapportait quatre millions de revenu à la province. Il est assez singulier qu'il n'y ait point d'écrevisses dans les rivières de Bretagne; ce qui vient peut-être de ce que les eaux n'y sont pas assez vives.

Nous sommes rentrés dans notre auberge, les oreilles tout étourdies du bruit et du vent de la mer. Il y avait avec nous deux Parisiens, les