des végétaux magnifiques et monstrueux, et qu'elle agisse avec nous comme avec des êtres amis et sensibles. Oh! quand pourrai-je respirer le parfum des chèvre-feuilles, me reposer sur ces beaux tapis de lait, de safran et de pourpre que paissent nos heureux troupeaux, et entendre les chansons du laboureur qui salue l'aurore avec un cœur content et des mains libres!
Au Port-Louis de l'Ile-de-France, ce 29 mai 1769.
LETTRE XIV.
ARBRISSEAUX ET ARBRES APPORTÉS A L'ILE-DE-FRANCE.
Nous avons ici le rosier, qui multiplie si aisément,
qu'on en fait des haies. Sa fleur n'est ni
si touffue, ni si odorante que la nôtre; il y en a
plusieurs variétés, entre autres une petite espèce
de Chine, qui fleurit toute l'année. Les
jasmins d'Espagne et de France s'y sont bien
naturalisés; j'y parlerai de ceux d'Asie à leur
article. Il y a des grenadiers à fleur double et à
fruit; mais ceux-ci rapportent peu. Le myrte n'y
vient pas si beau qu'en Provence.
Voilà tous les arbrisseaux d'Europe. Ceux d'Asie, d'Afrique et d'Amérique, sont: le cassis, dont la feuille est découpée; ce cassis ne ressemble point au nôtre: c'est un grand arbrisseau,