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viennent en grappe au sommet d'une tige, et dont les feuilles ressemblent à des morceaux de drap gris; une autre immortelle à fleurs pourpres qui vient partout; un jonc de la grosseur d'un crin, qui porte un groupe de fleurs blanches et violettes adossées: de loin ce bouquet paraît en l'air; il vient du Cap, ainsi qu'une sorte de tulipe qui n'a que deux feuilles collées contre la terre, qu'elles semblent saisir; une plante de Chine, qui se sème d'elle-même, à petites fleurs en rose: chaque tige en donne cinq ou six, toutes variées à la fois depuis le rouge sang de bœuf, jusqu'à la couleur de brique. Aucune de ces fleurs n'a d'odeur; même celles d'Europe la perdent.

Les aloès s'y plaisent. On pourrait tirer parti de leurs feuilles, dont la sève donne une gomme médicinale, et dont les fils sont propres à faire de la toile, Ils croissent sur les rochers et dans les lieux brûlés du soleil. Les uns sont tout en feuilles, fortes et épaisses, de la grandeur d'un homme, armées d'un long dard: il s'élève, du centre, une tige de la hauteur d'un arbre, toute garnie de fleurs, d'où tombent des aloès tout formés. Les autres sont droits comme de grands cierges à plusieurs pans garnis d'épines très-aiguës: ceux-là sont marbrés, et ressemblent à des serpens qui rampent à terre.

Il semble que la nature ait traité les Africains et les Asiatiques en barbares, à qui elle a donné