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Il y a deux sortes de pimens; celui qui est connu en Europe, est un autre qui est naturel au pays; celui-ci est un arbrisseau dont les fruits sont très-petits, et brillent comme des grains de corail sur un feuillage du plus beau vert. Les créoles l'emploient dans tous leurs ragoûts. Il n'y a point de poivre si violent; il brûle les lèvres comme un caustique. On l'appelle piment enragé.

L'ananas, le plus beau des fruits, par les mailles de sa cuirasse, par son panache teint en pourpre et par son odeur de violette, n'y mûrit jamais parfaitement. Sou suc est très-froid et dangereux à l'estomac. Son écorce a un goût fort poivré et brûlant; c'est peut-être un correctif. La nature a mis souvent les contraires dans les mêmes sujets: l'écorce du citron échauffe, son suc rafraîchit; le cuir de la grenade resserre, ses grains relâchent, etc.

Les fraises commencent à se multiplier dans les endroits frais. Elles ont moins de parfum et de sucre que les nôtres; elles produisent peu, ainsi que le framboisier, dont le fruit a dégénéré. Il y en a une très-belle espèce de Chine, qui vient de la grosseur des cerises, et en abondance: mais elle n'a ni saveur ni odeur.

Les épinards y sont rares; le cresson des jardins, l'oseille, le cerfeuil, le persil, le fenouil, le céleri, portent des tiges filandreuses et s'y