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d'un blé qu'on ne peut emmagasiner. Il sert à nourrir les noirs, les poules et les bestiaux. Observez que quelques habitans font de grands éloges du maïs et du manioc, mais ils n'en mangent point. J'en ai vu présenter de petits gâteaux au dessert. Quand il y a beaucoup de sucre, de farine de froment et de jaunes d'œuf ils sont assez bons.

Le blé y croît bien: il ne s'élève pas à une grande hauteur. On le plante par grain, à la main, à cause des rochers; on le coupe avec des couteaux, et on le bat avec des baguettes. Il ne se garde guère plus de deux ans. Au rapport de Pline, en Barbarie et en Espagne on le mettait avec son épi dans des trous en terre, en prenant garde d'y introduire de l'air. Varron dit qu'on le conservait ainsi cinquante ans, et le millet un siècle. Pompée trouva, à Ambracia, des fèves gardées de cette manière du temps de Pyrrhus; ce qui faisait près de cent vingt ans. Mais Pline ne veut pas que la terre soit cultivée par des forçats ou des esclaves, qui ne font, dit-il, rien qui vaille. Quoique la farine du blé de l'Ile-de-France ne soit jamais bien blanche, j'en préfère le pain à celui des farines d'Europe qui s'éventent ou s'échauffent toujours dans le voyage.

Le riz, le meilleur et peut-être le plus sain des alimens, y réussit très-bien. Il se garde plus long-temps que le blé, et rapporte davantage. Il