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On dit que le Code noir est fait en leur faveur. Soit ; mais la dureté des maîtres excède les punitions permises, et leur avarice soustrait la nourriture, le repos et les récompenses qui sont dues. Si ces malheureux voulaient se plaindre, à qui se plaindraient-ils ? leurs juges sont souvent leurs premiers tyrans.

Mais on ne peut contenir, dit-on, que par une grande sévérité ce peuple d’esclaves : il faut des supplices, des colliers de fer à trois crochets, des fouets, des blocs où on les attache par le pied, des chaînes qui les prennent par le cou : il faut les traiter comme des bêtes, afin que les blancs puissent vivre comme des hommes… Ah ! je sais bien que quand on a une fois posé un principe très-injuste, on n’en tire que des conséquences très-inhumaines.

Ce n’était pas assez pour ces malheureux d’être livrés à l’avarice et à la cruauté des hommes les plus dépravés, il fallait encore qu’ils fussent le jouet de leurs sophismes.

Des théologiens assurent que pour un esclavage temporel ils leur procurent une liberté spirituelle. Mais la plupart sont achetés dans un âge où ils ne peuvent jamais apprendre le français, et les missionnaires n’apprennent point leur langue. D’ailleurs ceux qui sont baptisés sont traités comme les autres.

Ils ajoutent qu’ils ont mérité les châtimens du