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baie où se jettent la rivière de Blavet et celle de Ponscorf, qui déposent beaucoup de vase dans le port. Cette baie ou rade est défendue à son entrée, qui est étroite, par le Port-Louis ou Blavet, dont la citadelle a le défaut d'être trop élevée; ce qui rend ses feux plongeans. Ses flancs déjà trop étroits, ont des orillons, dont l'usage n'est avantageux que pour la défense du fossé; or, elle n'en a point d'autre que la mer qui baigne le pied de ses remparts.

Le Port-Louis est une ville ancienne et déserte. C'est un vieux gentilhomme dans le voisinage d'un financier. La noblesse demeure au Port-Louis; mais les marchands, les mousselines, les soieries, l'argent, les jolies femmes se trouvent à Lorient Les mœurs y sont les mêmes que dans tous les ports de commerce. Toutes les bourses y sont ouvertes: mais on ne prête son argent qu'à la grosse; ce qui, pour les Indes, est à vingt-cinq ou trente pour cent par an. Celui qui emprunte est plus embarrassé que celui qui prête; les profits sont incertains, et les obligations sont sûres. Les lois autorisent ces emprunts par des contrats de grosse, qui donnent aux créanciers une sorte de propriété sur toute la cargaison du vaisseau, pouvoir qui s'étend, pour la plupart des marins, sur toute leur fortune.

Il y a trois vaisseaux prêts à appareiller pour l'Ile-de-France: la Digue, le Condé et le Mar-*