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sur leur beauté ou leur jeunesse; une Européenne se croit supérieure à une créole, et celle-ci regarde souvent l'autre comme une aventurière.

Quoi qu'en dise la médisance, je les crois plus vertueuses que les hommes, qui ne les négligent que trop souvent pour des esclaves noires. Celles qui ont de la vertu, sont d'autant plus louables, qu'elles ne la doivent point à leur éducation. Elles ont à combattre la chaleur du climat, quelquefois l'indifférence de leurs maris, et souvent l'ardeur et la prodigalité des jeunes marins: si l'hymen donc se plaint de quelques infidélités, la faute en est à nous, qui avons porté des mœurs françaises sous le ciel de l'Afrique.

Au reste, elles ont des qualités domestiques très-estimables, elles sont fort sobres, ne boivent presque jamais que de l'eau. Leur propreté est extrême dans leurs habits. Elles sont habillées de mousseline, doublée de taffetas couleur de rose. Elles aiment passionnément leurs enfans. A peine sont-ils nés, qu'ils courent tout nus dans la maison; jamais de maillot; on les baigne souvent; ils mangent des fruits à discrétion; point d'étude, point de chagrin: en peu de temps, ils deviennent forts et robustes. Le tempérament s'y développe de bonne heure dans les deux sexes; j'y ai vu marier des filles à onze ans.

Cette éducation, qui se rapproche de la nature, leur en laisse toute l'ignorance; mais les vices