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san de nos colonies, dans une situation déplorable. En voici, je crois, la raison. Dans une république il n'y a point de maître, dans une monarchie il n'y en a qu'un; mais le gouvernement aristocratique donne à chaque paysan un despote particulier.

De la liberté naît l'industrie. Le paysan suisse est ingénieux, le serf polonais n'imagine rien. Cette stupeur de l'âme, plus propre que la philosophie à supporter les grands maux, paraît un bienfait de la Providence. «Quand Jupiter, dit Homère, réduit un homme à l'esclavage, il lui ôte la moitié de son esprit.»

Passez-moi ces réflexions. Il est difficile de voir de grandes misères, sans en chercher le remède ou la cause.

Vers la Basse-Bretagne, la nature paraît, en quelque sorte, rapetissée. Les collines, les vallons, les arbres, les hommes et les animaux y sont plus petits qu'ailleurs. La campagne, divisée en champs de blé, en pâturages entourés de fossés, et ombragés de chênes, de châtaigniers et de haies vives, a un air négligé et mélancolique qui me plairait, sans la saison qui rend tous les paysages tristes.

On trouve, en plusieurs endroits, des carrières d'ardoise, de marbre rouge et noir, des mines de plomb mêlé d'un argent très-ductile. Mais les véritables richesses du pays sont ses toiles,