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qui y viennent entiers sont toujours percés. Je me souviens d'avoir vu un limaçon armé d'une dent pointue dont il se sert pour percer la coquille des moules: il se trouve au détroit de Magellan; on l'appelle burgau armé.

Pour avoir de beaux coquillages, il faut les pêcher vivans. Les espèces dont la robe est nette vivent sur le sable, où elles s'enfouissent dans les gros temps; les autres se collent aux rochers. Les moules se nichent dans les branches des madrépores, où elles multiplient peu. Si elles frayaient en liberté sur les rochers, comme en Europe, les ouragans les détruiraient.

Il y a beaucoup d'industrie et de variété dans la charnière des coquilles. Nos arts pourraient y profiter. Les huîtres n'ont qu'un peu de cuir, mais elles font corps avec le rocher; les moules ont une peau élastique très-forte; la hache-d'armes n'a qu'un pli; les cœurs, s'ils sont réguliers, ont à leur charnière de petites dents qui prennent l'une dans l'autre; si un de leurs côtés s'étend en aile, la charnière est plus considérable du côté où le poids est le plus fort, et les dents qui la forment sont plus grosses; on entrevoit, dans leurs courbes, une géométrie admirable.

L'Ile-de-France est tout environnée de madrépores. Ce sont des végétations pierreuses, de la forme d'une plante ou d'un arbrisseau. Elles sont en si grand nombre, que les écueils en sont entièrement formés.