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souffert le plus et, durant ce mouvement rétrograde, elles durent repousser, en tirant à mitraille, les ennemis qui les poursuivaient.

Le IIIe corps et la garde royale envoyèrent leur artillerie au secours du IXe et toutes les pièces de ce dernier, qu’on put quelque peu remettre en état, regagnèrent de nouveau la ligne de bataille. De la sorte on constitua en avant de Vernéville, jusqu’à Saint-Ail, un front d’artillerie de 120 pièces qui luttait avec un succès incontestable contre les batteries françaises. Dès lors et surtout à partir du moment où le IIIe corps fut parvenu près de Vernéville et où, de son côté, la 3e brigade de la garde eut atteint Habonville, il n’y avait plus à craindre que l’adversaire parvînt à forcer cette ligne.

À 2 heures déjà, le gros de la garde royale était arrivé à Saint-Ail. Le général de Pape[1] s’était immédiatement rendu compte qu’en faisant un quart de conversion à l’est, il ne rencontrerait nullement l’aile droite des Français, qu’il s’agissait d’envelopper, mais que lui-même verrait son flanc gauche menacé du côté de Sainte-Marie-aux-Chênes, qu’ils occupaient. Cette localité, ressemblant plutôt à une ville, était très facile à défendre et, de plus, flanquée par la position principale de l’ennemi. Il fallait l’enlever avant de songer à exécuter un mouvement quelconque en avant ; mais on devait, conformément à l’ordre donné par le grand état-major, attendre pour cela que le corps saxon pût participer à l’opération.

Les têtes de colonnes de ce corps étaient, il est vrai, arrivées près de Batilly ; mais, de là à Sainte-Marie, il y avait encore 3kil,700 à franchir, et ce ne fut qu’à 3 heures

  1. Commandant la Ire division de la garde royale. (N.d.T.)