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SECONDE LETTRE

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Telle fut à peu près la conversation que j’eus avec cet homme singulier ; mais je fus bien plus surpris quand 5 le Dimanche suivant il me mena à l’Église des Quakers. Ils ont plusieurs Chapelles à Londres : celle où j’allai est prés de ce fameux pilier qu’on appelle le Monument1. On étoit déjà assemblé lorsque j’entrai avec mon conducteur2. Il y avoit environ quatre cens hommes dans 10 l’Église, & trois cens femmes : les femmes se cachoient le visage avec leur évantail, les | hommes étoient [15] couverts de leurs larges chapeaux ; tous étoient assis, tous dans un profond silence. Je passai au milieu d’eux sans qu’un seul leva[t] les yeux sur moi. Ce silence dura un 15 quart d’heure. Enfin un d’eux se leva, ôta son chapeau, & après quelques grimaces et quelques soupirs, débita moitié avec la bouche, moitié avec le nez, un galimathias tiré de l’Evangile, à ce qu’il croïoit, où ni lui, ni personne n’entendoit rien3. Quand ce faiseur de contorsions 20 eut fini son beau monologue, & que l’Assemblée se fut séparée toute édifiée & toute stupide, je demandai à mon

Ligne 2. 394-70, 75 De la religion des quakers. Dans 71 et dans K la deuxième lettre est réunie à la première, sous le même titre (avec une ligne de points dans 71 entre les deux morceaux). 71a Suite de la religion des quakers. — 4. 34a-K omettent plus — 7. 34a-K que l’on

11. 394-K omettent les mots avec leur évantail — 16. 394-K suppriment quelques grimaces et — 18. 34a-K tiré, à ce qu’il croyoit, de l’Evangile