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tirranie, pour tirannie, gourvernent pour gouvernent, etc., sur lesquelles aucune contestation ne pouvait s’élever.

J’ai corrige d’autres fautes qui me paraissaient évidentes, mais qui n’étaient pas simplement des mots estropiés ; dans ces cas, parce qu’un sens, même absurde, subsistait, j’ai toujours averti le lecteur, par une note, de la véritable leçon de Jore, et j’ai signalé typographiquement la correction apportée au texte[1].

Je me suis interdit toute correction partout où il pouvait y avoir un doute sur la réalité de la faute, et aussi partout où elle pouvait être mise au compte d’une bévue de l’auteur, si grossière qu’elle fût.

Pour l’orthographe, j’ai reproduit en principe l’orthographe de Jore. A vrai dire, Voltaire ne m’invitait pas à la respecter. Il écrivait le 12 déc. 1743 à César de Missy : « Vous vous moquez de me consulter sur la ponctuation et l’orthographe ; vous êtes le maître absolu de ces petits peuples-là comme des plus grands seigneurs de mon royaume[2]. »

Je n’ai point voulu profiter de la liberté accordée par Voltaire à ses éditeurs. Il m’a paru intéressant, à l’heure présente, de montrer sous quelle forme se présenta au public un de ces chefs-d’œuvre dont certains lettrés s’imaginent la beauté inséparable des graphies actuellement en usage. Il ne pouvait être non plus question de réduire, par une fantaisie érudite, l’orthographe désordonnée de Jore à je ne sais quel type arbitraire et irréel de régularité qu’on eût appelé orthographe du xviiie siècle.

J’ai donc gardé en principe l’orthographe de Jore. J’ai seulement fait quelques corrections discrètes dans certains cas où Jore paraissait infidèle à son propre usage. J’ai mis quelques accents aigus là où il me semblait qu’il l’admettait[3]. Pour les variantes et additions, je conserve à chacune d’elles les particularités orthographiques du texte où elle se rencontre pour la première fois.

  1. J’ai considéré la faute gens censés pour gens sensés (l. XI, l. 80) comme appartenant à la première catégorie.
  2. XXXVI, 182.
  3. En revanche j’ai imprimé existence, ellipse, etc. et non éxistence, éllipse, etc. ; nager et non nâger. Jore n’accentue pas toujours, mais seulement le plus souvent, l’e suivi de x ou de ll. On trouve chez lui degré et dégré : j’ai préféré la première forme. J’ai écrit partout sistême alors que Jore donnait une fois sistesme.