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75 périt pas, & nous croyons qu’il se peut faire que Dieu ait mis dans les animaux quelque chose qui conservera toujours, si Dieu le veut, la faculté d’avoir des idées. Nous n’assurons pas, à beaucoup prés, que la chose soit ainsi, car il n’appartient guéres aux hommes d’être si confians ; 80 mais nous n’osons borner la puissance de Dieu. Nous disons qu’il est trés-probable que les bêtes, qui sont matière, ont reçu de lui la propriété de l’intelligence. Nous découvrons tous les jours des propriétés de la matiére, c’est-à-dire, des présens de Dieu dont auparavant nous 85 n’avions pas d’idées ; nous avions d’abord défini la matière une substance étendue ; ensuite nous avons reconnu qu’il falloit lui ajoûter la solidité, quelque tems après il a fallu admettre que cette matiére a une force, qu’on nomme force d’inertie, après cela nous avons été tous étonnés 90 d’être obligés d’avouer que la matière gravite. Quand nous avons voulu pousser plus loin nos recherches, nous avons été forcés de reconnaître des êtres qui ressemblent à la matiére en quelques choses, & qui n’ont pas cependant les autres attributs dont la matiére est douée.

95 Le feu élémentaire4 par exemple, agit sur nos sens comme les autres corps, mais il ne tend point à un centre comme eux, il s’échappe, au contraire, du centre en lignes droites de tous côtés. Il ne semble pas obéir aux lois de l’attraction, de la gravitation, comme les 100 autres corps. Il y a enfin des mystères d’optique dont on ne pourrait guéres rendre raison, qu’en osant supposer que les traits de lumière se pénétrent les uns les autres. Car que cinq cens mille hommes d’un côté et autant de l’autre.

82. 48 (corr.), 52-K un peu d’intelligence

93. 52-K en quelque chose — 99. 48 (corr.) [lois] que suivent [les] — 100. 56-K L’optique a des mystères, [dont]

102-111. 48 (corr.), 52-K Il y a certainement quelque chose dans la