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56. Locke, IV, xviii, De la foi et de la raison et de leurs bornes distinctes, 9 (Il faut écouter la révélation dans les matières où la raison ne saurait juger, ou dont elle ne peut porter que des jugements probables) ; 10 (Il faut écouter la raison dans les matières où elle peut fournir une connaissance certaine). — « La foi, dira Voltaire plus tard, consiste à croire ce que la raison ne croit pas » (xix, 475).

57. Cette phrase disparaît en 1752, et même est biffée dès 1748 : cependant Voltaire en reprendra souvent l’idée dont il fait une défense pour la libre pensée : cf. Dict.phil., préface de 1765.

58. Voltaire prend le mot « enthousiasme » au sens de Locke (IV, xix, 5, 6, 7) : « Les hommes en qui la mélancolie a été mêlée avec la dévotion, et dont la bonne opinion d’eux-mêmes leur a fait accroire qu’ils avaient une plus étroite familiarité avec Dieu et plus de part à sa faveur que les autres hommes…, à quelque opinion extravagante qu’ils se sentent portés par une forte inclination, ils concluent que c’est une vocation ou une direction du ciel qu’ils sont obligés de suivre… » C’est aussi le sens de Shaftesbury, A Letter concerning enthusiasm (éd. 1737, t. I, p. 44-45). Voyez aussi Bayle, art. Comenius, n. G, et Kotterus, n. F.

59. Bacon, De Augmentis Scientiarum, I, éd. Spedding, p. 441. « Dein quod aggerunt, literas reverentiam legum atque imperii convellere : calumnia mera est, nec probabiliter ad criminandum inducta. Nam qui caecam obedietitiam fortius obligare contenderit quam officium oculatum, una opera asserat caecum manu ductum certius incedere quam qui luce et oculis utitur. Imo citra omnem controversiam artes emolliunt mores, teneros reddunt, sequaces, cereos, et ad mandata imperii ductiles : ignorantia contra, contumaces, refractarios, seditiosos : quod ex historia clarissime patet, quandoquidem tempora maxime indocta, inculta, barbara, tumultibus, seditionibus, mutationibusque maxime obnoxia fuerint. » Voltaire ici ne paraît pas s’être souvenu de Bacon ; il s’en est rapproché davantage dans sa lettre à J.-J. Rousseau du 30 août 1755. — Collins (Disc, sur la liberté de penser, tr. de l’angl., 2e éd., 1717, in-12, p. 149-156) avait soutenu que les disputes philosophiques ne troublent pas les États, et que les fanatiques et les superstitieux font plus de mal que les athées.