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Mais pouvez-vous concevoir comment votre âme, ou aucune substance, pense ? »

50. Coste, t. III, p. 325 : « Mais, ajoute-t-on, il n’y a pas moyen de concevoir comment la matière peut penser. J’en tombe d’accord, répond M. Locke, mais inférer de là que Dieu ne peut pas donner à la matière la faculté de penser, c’est dire que la toute-puissance de Dieu est renfermée dans des bornes fort étroites par la raison que l’entendement de l’homme est lui-même fort borné. » (Cf. Essai, IV, iii, 6 : « Il se trouve aussitôt des gens prêts à limiter la puissance du Créateur… » etc.) — Et Duguet (Diss. théol. et dogm., 1727), contre les spéculations de Descartes sur l’Eucharistie : « On pose pour fondement de ces recherches… l’idée naturelle qu’on a de l’étendue et de l’essence de la matière, sans se souvenir que nos idées naturelles ne nous représentent pas tout ce qui est possible à Dieu… » (Cité par Bouillier, Phil. Cart., I, 447).

51. C’est l’argumentation de Locke, dans Coste, t. III, p. 328. — Mais déjà Bayle (art. Charron, n. O) : « Ils (les libertins) voient que les fortes preuves que la nouvelle philosophie a données de l’immortalité de l’âme conduisent à l’un ou à l’autre de ces deux abîmes, ou que l’âme des bêtes est immortelle, ou que les bêtes sont des automates. » — Le problème de l’âme des bêtes, que Descartes avait posé de façon si éclatante, continue d’être discuté aux environs de 1730 : Essai philosophique sur l’âme des bêtes, Amst., 1728, in-8 (cf. Journal litt., 1729, t. XIII, 1ep., p. 80-97 ; Bibl. raisonnée, Oct.-Nov. 1728). Le P. Regnault, en 1733, dans la 2e éd. de ses Entretiens physiques d’Ariste et d’Eudoxe, ou Physique nouvelle en dialogues (paru en 1732), ajoute un entretien Sur l’âme des bêtes (cf. Journal litt., 1733, t. XX, 1e p., p. 167). Les poètes s’en mêlaient : Louis Racine pour l’automate, et Morfouace de Beaumont (Apologie des bêtes, 1732), contre.

52. Locke, IV, iii, 6 ; t. III, p. 325.

53. Cf. Locke, Essai, II, i, 15.

54. Locke, dans Coste, t. III, p. 323, 327-330.

55. C’était la prétention de Locke, d’être plus religieux que Stillingfleet (Coste, p. 306-307 ; cf. plus haut n. 44). — Voyez aussi Bayle, art. Pomponace.