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dence de son immortalité, si Dieu l’a révélée » (3e Répliq. à St., cité par Bayle, Dict., art. Perrot d’Ablancourt, n. L). Et dans son Essai (IV, iii, 6 ; tr. Coste, t. III, p. 338) : « Toutes les grandes fins de la morale et de la religion sont établies sur d’assez bons fondements sans le secours des preuves de l’immatérialité de l’âme tirées de la philosophie… C’est pourquoi la nécessité de se déterminer pour ou contre l’immatérialité de l’âme n’est pas si grande que certaines gens trop passionnées pour leurs propres sentiments ont voulu le persuader. » — Descartes (Dédicace des Méditations) craignait déjà l’objection : « Quamvis nobis fidelibus animam humanam cum corpore non interire Deumque existere, fide credere sufficiat. » Mais à cette date l’objection venait des théologiens et empêchait la philosophie : Locke, Collins, Voltaire la retournent pour libérer la pensée philosophique.

45. La comparaison de l’horloge est diversement employée depuis Descartes (Méthode, V). On la retrouve chez Locke, II, i, 7 (t. I, p. 147), et dans Shaftesbury, éd. 1737, in-8, t. I, p. 293. Cf. aussi Fénelon, Ex. de Dieu, I, 3 ; Leibniz, Œuvres, éd. Charpentier, 1842, t. I, p. 474 et 479 ; Fontenelle, Pluralité des mondes, Premier soir (éd. 1790, t. II, p. 19).

46. Dans cette discussion. Voltaire suit de près Locke (Essai, IV, iii, 6) et surtout l’abrégé de la controverse avec Stillingfleet que Coste a mise en note à cet endroit (III, 323).

47. Stillingfleet dans Coste (Ibid.), mais aussi tous les Cartésiens.

48. Collins avait dit dans le même sens, sans ironie : « Or, n’ayant d’idée ni de la substance de la matière ni de la substance de l’esprit ou d’un être distinct de la matière, il ne peut pas comparer ce dont il n’a point d’idées, ni connaître conséquemment par intuition si la substance de l’une n’est pas la substance de l’autre » (3e Rép. à Clarke, dans le Recueil de pièces de Desmaizeaux, 1720, p. 27). — En France, le P. Buffier, Vérités premières, IV, 1 ; Duguet, Diss. théol. et dogm., 1727, contestaient la définition cartésienne de la matière et ne voyaient dans l’étendue qu’une de ses propriétés.

49. Locke, dans Coste, Ibid., p. 300 : « Vous ne sauriez concevoir comment une substance étendue et solide pourrait penser…