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(XXXIII, 327). La 13e lettre, avec la précédente, fut pour beaucoup dans l’hésitation de Voltaire à publier son ouvrage. « J’ai quelques scrupules sur deux ou trois Lettres que je veux communiquer à ceux qui savent mieux que moi à quel point il faut respecter ici les impertinences scolastiques ; et ce ne sera qu’après leur examen et leur décision que je hasarderai de faire paraître le livre » (A M. de Cideville, 3 juillet 1733, XXXIII, 357). En effet la lettre sur Locke eut, avec les Remarques sur Pascal, une part prépondérante dans la persécution que l’ouvrage essuya (XXXIII, 416, 426, 427-8, et surtout 436).

3. Voyez l’éloge de Locke dans la lettre à Formont, août 1733 (XXXIII, 373) : « Ce qu’il n’a pas vu clairement, je désespère de le voir jamais. Il est le seul à mon avis qui ne suppose pas ce qui est en question. » — Locke était connu en France surtout par les traductions et les préfaces de Coste (cf. Quérard, art. Locke), par les Abrégés de l’Essai sur l’entendement humain que donnèrent Leclerc (1688) et J. Wynne traduit par Bosset (1720), par les journaux : Bibliothèque universelle et historique, 1688, t. VIII, p. 49 (c’est l’abrégé de Leclerc) ; Nouvelles de la République des Lettres, août 1700 ; Mémoires de Trévoux, janvier 1701 ; Histoire des ouvrages des savants, juillet 1701 ; Nouv. de la Rép. des Lettres, février 1705 (lettre de Coste) ; Biblioth. choisie, 1705, t. VI, p. 376 ; Bibliothèque raisonnée, avril-juin 1730, t. IV, p. 343 ; par l’article du P. Niceron au t. I de ses Mémoires pour servir à la vie des Hommes illustres, etc. Il faut faire une mention particulière du P. Buffier, qui dans son traité des Vérités premières et dans les Remarques sur divers traités de Métaphysique imprimées à la suite de ce traité (1724) élève Locke par-dessus Descartes et Malebranche et s’en inspire. Aussi Voltaire l’a-t-il rapproché de Locke et appelé « le seul jésuite qui ait eu une philosophie raisonnable » (Catalogue des écrivains du siècle de Louis XIV). Il avait connu personnellement le P. Buffier et se souvenait encore en 1778 de l’avoir rencontré à Maisons (XXXI, 3).

4. Les biographes de Locke, Coste, Leclerc, Niceron, ne disent rien sur ce sujet. Fox Bourne (The life of J. L., 1876, I, 48) : « Though Locke never paid very much attention to the mathe-