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COMMENTAIRE

1. Cette lettre dut être rédigée à la même époque que l’opuscule Sottise des deux parts, où Voltaire représente comme ici (p. 155, l. 75-76 et p. 156, l. 106) la scolastique par les quiddités et l’universel a parte rei. « C’est dommage pour la gloire d’Aristote qu’on n’ait pas fait la guerre civile et donné quelques batailles rangées en faveur des quiddités et de l’universel de la part de la chose » (XXII, 65). Par malheur on ne sait pas exactement la date de la composition de l’opuscule, qui ne paraît avoir été imprimé qu’en 1750. Duvernet (Vie de V., éd. 1797, p. 74-75) le place à l’année 1728, après le retour d’Angleterre (il faudrait sans doute dire plutôt 1729). Rien, dans la lettre XII, ne contredit cette date. Il est vrai qu’il se pourrait que le rapprochement un peu inattendu de Bacon avec de Thou eût été suggéré à Voltaire par l’édition et la traduction que Chauvelin fit faire de l’Histoire du président de Thou (cf. Voltaire à Formont, 8 sept. 1731). Mais on peut aussi l’expliquer par l’apparition en 1728 d’une traduction anglaise de cet ouvrage. Il serait d’ailleurs étonnant que Voltaire eût inventé ce rapprochement, quoique je n’en aie pas trouvé trace dans les textes anglais que j’ai vus. — D’autre part l’opuscule Sottise des deux parts semble contemporain aussi de la lettre XIII (cf. n. 17), qui, dans la forme imprimée en 1733-34, date de la fin de 1732. La lettre XII et l’opuscule seraient un peu antérieurs. — Pour les traductions françaises de Bacon antérieures à Voltaire, voyez le Catalogue imprimé de la Bibl. Nat., au mot François Bacon. Pour les jugements sur Bacon, voyez le Journal des Savants, 8 mars 1666, p. 118-120 ; Duhamel, De Mente humanu libri quatuor, Paris, 1672, notamment l. III, ch. 7-9 ; Bibliothèque raisonnée, Juillet-Août 1730, t. V, p. 1 (compte rendu de l’édition d’Amsterdam, 1730), et p. 29 (abrégé de la vie de Bacon d’après la biographie écrite par le chapelain Rawley).

2. Compagnie célèbre semblerait désigner une académie, et faire