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tain que si quelqu’Ambassadrice Française avoit raporté ce secret de Constantinople à Paris, elle auroit rendu un 135 service éternel à la nation31 ; le Duc de Villequier père du Duc d’Aumont d’aujourd’hui, l’homme de France le mieux constitué | & le plus sain, ne seroit pas mort à la [103] fleur de son âge.

Le Prince de Soubise qui avoit la santé la plus brillante, 140 n’auroit pas été emporté à l’age de vingt-cinq ans. Monseigneur Grand-pere de Louis XV n’auroit pas été enterré dans sa cinquantiéme année, vingt mille personnes mortes à Paris de la petite vérole en 192332 vivroient encore. Quoi donc ? est-ce que les Français n’aiment point la vie ? 145 est-ce que leurs femmes ne se soucient point de leur beauté ? en vérité nous sommes d’étranges gens. Peut-être dans dix ans prendra-t-on cette méthode anglaise, si les Curez33 & les Médecins34 le permettent, ou bien les Français dans trois mois se serviront de l’inoculation 150 par fantaisie, si les Anglais | s’en dégoûtent par [104] inconstance35.

J’aprens que depuis cent ans les Chinois36 sont dans cet usage, c’est un grand préjugé que l’exemple d’une nation qui passe pour être la plus sage & la mieux policée37 155 de l’Univers. Il est vrai que les Chinois s’y prennent d’une façon differente ; ils ne font point d’incision, ils font prendre la petite vérole par le nez comme du tabac en poudre ; cette façon est plus agréable, mais elle revient au même, & sert également à confirmer, que si

142. 34a, 35, 37a [personnes] morts 394-K hommes morts correction sortie de la faute de 34a.

151. 56-75 Note Ce chapitre est tiré d’une lettre écrite en 1727. Le reste a été ajouté depuis. K Jusqu’ici [ce chapitre…] La note a été mal placée. Le paragraphe suivant, J’aprens… d’hommes, était déjà dans les éditions de 1734 et dans toutes les suivantes. — Cette note finale, dans 75 cart. et K, fait en partie double emploi avec la nouvelle note du début de la lettre.