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anglais. Les journaux sont pleins pendant toute l’année des nouvelles des trois flottes : celles de la flotte des Indes sont datées de Portobello, où l’amiral Hosier séjourna longtemps. Ils commentent parfois l’événement avec fierté. « …Nothing is so much the subject of present Enquiry as the situation of the three Squadrons that are gone to the several parts of the world, under the command of the Admirals Wager, Hosier and Jennings, and what they are to do in support of the glorious Design of those Armaments, viz. the preserving and establishing the general tranquillity of Europe » (The London Journal, no 371, Saturday September 3, 1726). Voyez aussi les pompeuses réflexions de l’Historical Register, 1727, no 45, t. XII, p. 6.

10. Voltaire, dans le Siècle de Louis XIV (ch. 20), racontera un peu différemment cette anecdote. « Les merciers de Londres lui prêtèrent (au Pr. Eugène) environ six millions de nos livres : il fit enfin venir des troupes des cercles de l’Empire ». Cette particularité n’est ni dans Rapin Thoyras, ni dans Larrey, Limiers, ou aucune source française. Voltaire ici a travaillé artistement des notes ou des souvenirs pris dans The history of the reign of queen Anne digested into Annals, 4e année, Londres, 1706, in-8°. En janvier 1706 (p. 124) les ministres de l’Empereur, pressés parle Prince Eugène, obtiennent la permission de faire un emprunt de 250.000 l. st. (6.250.000 fr.) à 8 %. Le jeudi 7 mars (p. 127) la souscription est ouverte at Mercers’ Chappel. Les merciers étaient la première corporation des marchands de Londres. Ils font la fonction des sociétés financières d’aujourd’hui. L’emprunt est souscrit chez eux, mais non par eux : en tête de la liste des souscripteurs vient le Prince Georges pour 20.000 l., puis Marlborough, 10.000 l., le lord Trésorier, 5.000 l., et toute l’aristocratie. On note comme digne de remarque que « two women of meaner sort » sont venues souscrire chacune cent livres. La souscription fut close le mardi, donc au bout de six jours. Ainsi Voltaire a lu rapidement, et retenu ce seul détail des merciers qui s’est déformé dans son imagination. Avant la bataille de Turin, le Prince Eugène écrivit le 13 août 1706 de Reggio (The history etc., 5e année, p. 226) aux « managers of the loan » un billet qui accusait réception des fonds : « Gentlemen, since I came to