Page:Voltaire - Lettres philosophiques, t. 1, éd. Lanson, 1915.djvu/189

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

çants sous Édouard III, vendant leurs laines aux Flamands (ch. 63). Cependant les ch. 65-67, éd. 1756, laissent dans l’ensemble sur l’Angleterre une impression qui peut se résumer en un mot comme Voltaire fait ici. Mais ce passage est surtout conforme aux réflexions qui occupent les deux dernières pages du ch. 151 (éd. 1756), sur la cause de la puissance anglaise et le développement de son commerce. « D’abord ils ne surent que vendre les laines ; mais depuis Elisabeth ils manufacturèrent les plus beaux draps de l’Europe… ». Cette remarque achève de concilier le début de la 10e lettre avec le ch. 63.

7. « Londres commençait déjà [sous Henri VIII] à s’enrichir par le commerce » (Essai, ch. 97, éd. 1756).

8. Chamberlayne (Etat présent de l’Angleterre, tr. fr. 1669, p. 9-11) accorde à l’Angleterre la « très fine laine », la terre à foulon, la grande quantité d’étain, de plomb et de fer. Tous ceux qui décrivent l’Angleterre la montrent, parfois lyriquement, favorisée du côté des productions naturelles et agricoles. C’est peut-être par la suggestion de son propre raisonnement sur l’importance du commerce pour l’Angleterre que Voltaire a été amené à diminuer la richesse du sol anglais. Cependant Addison l’y invitait : « Si nous considérons notre pays dans son état naturel sans aucun des avantages du commerce, quel misérable et stérile morceau de terre n’avons-nous pas eu pour notre lot ? » (Le Spectateur, tr. franc., disc. 56, t. I, p. 367, no 69 des éd. angl.).

9. Argument déjà employé par Beeverell, Délices de la Grande-Bretagne, t. VI, p. 1101 : mais ce qu’il dit des trois flottes armées à la fois se rapporte au temps de la reine Anne, donc avant 1713. D’autre part, l’allusion de Voltaire ne peut s’appliquer à l’année 1723, où aucun événement ne la justifie. C’est en juin 1726 que le fait eut lieu. L’Angleterre a équipa tout à la fois trois escadres nombreuses », l’une « pour veiller à la sûreté de Gibraltar », une autre « pour les Indes », afin d’ « empêcher l’Espagne de se servir de ses richesses à troubler la tranquillité publique », la troisième « pour la mer Baltique » (Rapin Thoyras, t. XII, p. 451). Mais si Voltaire est arrivé en Angleterre en mai 1726, il a pu voir de ses yeux l’événement, et entendre les réflexions de l’orgueil national