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34. « Toutes ces dignités ou ces titres sont pris de quelque terre, et quelque province, ville ou bourg, comme duc de Norfolk, comte d’Oxford, vicomte de Montaigu, etc… Cependant ces dignités ne sont que titulaires, et la plupart de ceux qui les possèdent n’ont rien à voir dans les terres dont ils portent le nom » (Beeverell, Les Délices de l’Angleterre, V, 1055). Peut-être est-ce un souvenir littéraire qui suggère ici à Voltaire le nom de Dorset : cf. les lettres XXI (fig) et XXII (début).

35. Cette remarque est partout. « Elle (la noblesse d’Angleterre) n’a pas encore le grand privilège dont la noblesse de France jouit, par lequel les domaines et les terres qu’ils tiennent par leurs mains sont exempts de toutes tailles et contributions… En Angleterre, le premier seigneur du royaume n’y a pas plus de privilège que le dernier laboureur » (Chamberlayne, État présent, I, 303 ; cf. pour le clergé, p. 271). « Leurs domaines et leurs terres (des nobles) paient les tailles et les impôts comme celles des moindres laboureurs » (Beeverell, Les Délices de l’Angl, , V, 1056).

36. « Tel est notre heureux gouvernement que la masse du peuple n’est obligée d’obéir qu’à ce qu’il a virtuellement approuvé, et que c’est lui-même qui a prescrit les lois qui doivent régler sa conduite » (Addison, Le Free-Holder, tr. franç., 1727, p. 3). « Il n’y a que le Parlement qui ait le droit d’imposer des taxes et des impôts ; ainsi on ne lève pas un sou, que la nation n’y ait consenti par des députés… Chacune des deux Chambres peut proposer tels Bills qu’elle juge à propos, mais les Bills des subsides commencent toujours par la Chambre des Communes parce que la plus grande partie des subsides est levée sur le peuple qu’elle représente » (Beeverell, Les Délices de l’Angl., V, 1059 et 1081). Cf. Misson, art. Impôts, p. 257, qui opposait au régime fiscal de l’Angleterre « les maltôtes infinies de notre malheureuse France ». — Voltaire a pu lire plus d’une fois dans les journaux anglais l’expression de la fierté que leur donnait le vote de l’impôt et de toutes les contributions par les Communes. « … Our ancestors somehow or other resolved always to be présent at the shaving of their own beards » (The Weekly Journal of the British Gazeteer, no 117, Saturday August 5, 1727).