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ici : aussi a-t-il été repris par Lecoq de Villeray (Réponse aux L. Ph., p. 39). Lorsque Guillaume III, en 1702, voulant la guerre contre la France, accusa Louis XIV d’ambition et d’infidélité, « les peuples d’Angleterre entrèrent dans ces sentiments, qui leur étaient devenus presque naturels, et pressèrent leur souverain de reprendre les armes pour les sauver de la tyrannie, de l’esclavage, et du papisme » (Rapin Thoyras, XI, 457-458). L’opinion anglaise était demeurée la même quand Voltaire vint en Angleterre. « All his aims (de Guillaume III) were pointed to the general good of Mankind… He was the great Champion of the Liberty… He fought for Freedom, and he gave it wherever he came » (The Weekly Journal, no 59, Saturday June 11, 1726). Guillaume III, écrivait The London Journal, ne voulait l’abaissement de la France que « as France was an enemy to the Liberties of Europe » (Extrait donné par The Gentleman’s Magazine, April 1732, p. 700).

17. Voltaire accepte ici le point de vue des tories qui, pour se justifier de vouloir la paix ou de l’avoir faite, disaient que l’Angleterre n’avait pas d’intérêt à la guerre. Ils soutenaient « that the ministry (le ministère whig) had not consulted the true interest of their Country in acquiescing so far with the allies, since King Lewis made no scruple in yielding to the specifick demands of Great Britain ; that the British nation had so great dependance on her trade, it could not be her duty or her interest to oblige the confederates to her own ruin by continuing the expense of a land war » (Memoirs of queen Ann, London, 1729, p. 81). C’est par Bolingbroke que cette idée encore a dû venir à Voltaire : il l’a exprimée plus d’une fois. Il montre l’Angleterre gardienne « of the whole interest of Europe », même contre son intérêt ; et il s’en inquiète (Sichel, I, 263). Il la montre armée « to defend the liberties of Europe » ; il reproche à ses compatriotes d’avoir fait les don Quichotte dans la guerre de la succession d’Espagne. « We neglected every thing and sacrificed evere thing in the prosecution of this quarrel » (The Occasional Writer, no 2, 3 Février 1726-27, Works, t. I, p. 156 et 161). Ainsi les tories rappelaient leur pays à ce qu’ils esti-