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sont des bévues ou des corrections d’imprimeur. Une seule édition a donc autorité, celle qui est l’original du groupe, c’est-à-dire l’édition rouennaise de Jore. Reste à la reconnaître.

Beuchot et Bengesco l’ont reconnue dans l’édition publiée sous la rubrique « à Amsterdam, chez E. Lucas, au Livre d’or », 1734, in-12, 387 pages[1]. On peut soutenir leurs preuves de quelques indices.

L’hésitation n’est permise qu’entre l’édition in-12, en 387 pages où le mot Fin se lit avant les Remarques sur Pascal, et l’édition in-8° en 124 + 56 p., où les Remarques sont paginées à part. Ce point acquis, l’édition en 387 p. donne avec l’édition de Basle (Londres) dans la lettre I, lig. 95 : « Il ne faut point s’aviser de dire… » L’édition en 124 p. porte : « Il ne faut pas dire… » L’édition en 387 p. et l’édition de Basle (Londres) donnent dans la lettre IV, lig. 151 : « douze mille pièces d’or », que l’éd. en 124 p. remplace par 1200. L’édition en 387 p. et l’édition de Basle (Londres) donnent (l. VIII, lig. 73) : « L’idole du pouvoir despotique », l’édition en 124 p. porte : « l’idole despotique ».

On peut se souvenir aussi que Voltaire fit faire des cartons au texte de Jore[2], et qu’il indiquait en particulier comme en exigeant une certaine phrase de la lettre XII (lig. 35-36). Or précisément les pages 107-108 de l’édition en 387 pages qui contiennent cette phrase, sont cartonnées, ainsi que les pages 231-232, 233-234, 247-248, 253-254 et 271-272. L’édition en 124 + 56 (57) pages, au contraire, n’a pas de cartons. C’en est assez pour montrer que l’édition en 387 pages est l’original, contenant les leçons primitives de l’auteur.

Elle donne le texte qui fut reçu sur épreuves par Voltaire : c’est celui-là que je réimprime.

  1. Bengesco, t. II, p. 16-17 ; Beuchot, dans Moland, t. XXII, pp. 75-82.
  2. Lettre à Cideville, 3 juillet 1755 ; t. XXXIII, p. 256.