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fondement, car cet illustre savant n’a rien publié en faveur de l’arianisme » (Chaufepié, art. Newton, II, 63). Mais Chaufepié lui-même constate que Newton a été accusé d’arianisme par Gray. Brewster (II, 337, 342) montre que Newton était peu favorable à Athanase, et qu’on peut le soupçonner d’avoir été peu orthodoxe sur la Trinité. Il ne publia rien sur ce sujet de son vivant ; mais il laissa des manuscrits, dont l’un, Historical account of two notable Corruptions of the Scripture, avait été écrit en 1691, et remis par Locke à Leclerc en 1691 : il ne fut imprimé qu’en 1754, et l’on y voit que Newton rejetait l’authenticité du fameux verset des Trois témoins célestes. Voltaire put recueillir de divers côtés en Angleterre des soupçons sur l’orthodoxie de Newton. Il lut aussi Whiston’s Historical Memoirs of the Life of Dr. Samuel Clarke (2e éd., London, 1730). Etait-ce cet ouvrage qu’il réclamait à Thieriot en 1732 (t. XXXIII, p. 277) ? Whiston se demande (p. 8) si c’est Newton qui donna à Clarke ses idées sur la Trinité, ou si Clarke y vint de lui-même : « Whether Mr. Newton had given Mr. Clarke yet any intimations of that Nature, for he knew it long before this Time, or whether it arose from some Enquiries of his own, I do not directly know, though I incline to the latter. » Il dit encore un peu plus loin (p. 9) : « I met whit the account of a private Tutor to a Nobleman in King’s College whose name I have forgot, that was at first inclinable to Socinianism, but upon a Conference with Mr. Newton, returned to what has been of late called Arianism. » Cf. sur l’accord de Newton et de Clarke, Some brief critical Remarks on Dr. Clarke’s last Papers, by John Edwards, D. D., 1714 (p. 36).

7. La Bibliothèque française, (t. XX, part. 2, art. 1), et Chaufepié, art. Clarke (t. II, p. 92) ont vivement relevé l’irrévérence de ces expressions et du jugement qui suit sur les livres de Clarke. Voltaire avait connu Clarke en Angleterre et causé avec lui (cf. Métaphysique de Newton, t. XXII, p. 403 ; Courte réponse aux longs discours d’un docteur allemand, t. XXIII, p. 194). Clarke s’était fait attaquer de deux côtés, par les orthodoxes comme socinien et déiste déguisé, et par les déistes comme gardant trop de la phraséologie orthodoxe et des éléments historiques de la croyance : c’est ce qui explique le ton