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50 de Paris. Il y a une clause dans le serment que l’on prête à l’État, laquelle exerce bien la patience Chrétienne de ces Messieurs.

On y promet d’être de l’Église, comme elle est établie par la Loi20. Il n’y a guère d’Evêque, de Doïen, d’Archiprêtre2155, qui ne pense être de droit divin22 ; c’est donc un grand sujet de mortification pour eux d’être obligés d’avouer qu’ils tiennent tout d’une misérable Loi faite par des profanes laïques. Un Religieux (le Pere Courayer) a écrit depuis peu un livre pour prouver la validité & la 60 succession des Ordinations Anglicanes23. Cet ouvrage a été proscrit en France24 ; mais croïez-vous qu’il ait plû au ministère d’Angleterre ? | point du tout. Ces maudits Wigs [49] se soucient très-peu que la succession Episcopale ait été interrompue chez eux ou non, & que l’Evêque Parker ait 65 été consacré dans un cabaret (comme on le veut) ou dans une Eglise25 ; ils aiment mieux même que les Evêques tirent leur autorité du Parlement plutôt que des Apôtres26. Le Lord B. dit que cette idée de droit divin ne serviroit qu’à faire des tirans en camail & en rochet27, mais que 70 la Loi fait des Citoïens.

A l’égard des mœurs le Clergé Anglican est plus réglé que celui de France, & en voici la cause : tous les Ecclésiastiques sont élevés dans l’Université d’Oxford, ou dans celle de Cambridge, loin de la corruption de la Capitale ; 75 ils ne sont appelles aux dignités de l’Eglise | que [50] très-tard28, & dans un âge où les hommes n’ont d’autres passions que l’avarice, lorsque leur ambition manque d’alimens. Les emplois sont ici la récompense des longs

50. 51 une chose

54. 34a-K d’Eveques, de Doyens, d’Archiprêtres qui ne pensent l’être — 58. 34a-K [Un] savant [Religieux] Les parenthèses, ici et l. 65, sont de l’éd. originale.

62. 34a-K Les [maudits] — 67. 394-K suppriment plutôt.