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où tu régnes, tu as senti le poids de l’opression, & tu 110 dois sçavoir combien l’opresseur est détestable devant Dieu & devant les hommes ; que si, aprés tant d’épreuves & de bénédictions, ton cœur s’endurcissoit & oublioit le Dieu qui s’est souvenu de toi dans tes disgraces, ton crime en seroit plus grand, & ta 115 condamnation plus terrible. Au lieu donc d’écouter les flatteurs de ta Cour, écoute la voix de ta conscience qui ne te flattera jamais. Je suis ton fidéle ami & suje Barclay37.

Ce qui est plus étonnant, c’est que cette lettre écrite [29] 120 à un Roi par un particulier obscur, eut son effet, & la persécution cessa38.

120. 394-K [et] que la

COMMENTAIRE

1. La principale source de cette lettre est Sewel, avec des emprunts à Croese surtout au début. Sewel, avec son index et ses manchettes, est bien plus maniable que Croese dont le texte est confus et compact et les sommaires insuffisants. — On avait publié en 1694 A Journal, or historical Account of the Life… of George Fox (2e éd., 1709 ; 6e éd., Leeds, 1836, 2 v. in-8°). Voltaire ne me paraît pas s’être servi de ce document dont toute la substance a passé dans Sewel. Peut-être avait-il feuilleté A brief Account of the rise and progress of the People called Quakers (1694) de W. Penn (Works, I, 858). — Il faut tenir compte aussi de ce que Voltaire s’est souvenu à divers endroits de l’Évangile et des Actes des Apôtres, pour souligner ironiquement des conformités de la vie de Fox avec les textes sacrés.

2. Croese, pp. 10-12, principalement ceci : « Se ipsi vocant Christianos Evangelicos Apostolicos Catholicos, et suam doctri-