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tous ; il n’a jamais été vu des mortels, & il voit toutes choses. »

Qu’on lise encor ce passage du philosophe Maxime de Madaure, dans sa Lettre à saint Augustin : « Quel homme est assez grossier, assez stupide pour douter qu’il soit un Dieu suprême éternel, infini, qui n’a rien engendré de semblable à lui-même, & qui est le père commun de toutes choses ? »

Il y a mille témoignages que les sages abhorraient non seulement l’idolâtrie, mais encor le polythéisme.

Épictète, ce modèle de résignation & de patience, cet homme si grand dans une condition si basse, ne parle jamais que d’un seul Dieu. Voici une de ses maximes : « Dieu m’a créé, Dieu est au-dedans de moi, je le porte partout. Pourrais-je le souiller par des pensées obscènes, par des actions injustes, par d’infames désirs ? Mon devoir est de remercier Dieu de tout, de le louer de tout, & de ne cesser de le bénir, qu’en cessant de vivre. » Toutes les idées d’Épictète roulent sur ce principe.

Marc-Aurèle, aussi grand peut-être sur le trône de l’empire romain, qu’Épictète dans l’esclavage, parle souvent, à la vérité, des dieux, soit pour se conformer au langage reçu, soit pour exprimer des êtres mitoyens entre l’Être suprême & les hommes ; mais en combien d’endroits ne fait-il pas voir qu’il ne reconnaît qu’un Dieu éternel, infini ! « Notre âme,