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tre est comme on boisseau de froment, vos tetons font comme deux faons de chevreuil, & votre nez est comme la tour du Mont Liban.

J’avoue que les églogues de Virgile font d’un autre stile, mais chacun a le sien, & un juif n’est pas obligé d’écrire comme Virgile.

C’est apparemment encor un beau tour d’éloquence orientale, que de dire, notre sœur est encor petite, elle n’a point de tetons ; que ferons-nous de notre sœur ? si c’est un mur, bâtissons dessus, si c’est une porte, fermons là.

À la bonne heure que Salomon le plus sage des hommes ait parle ainsi dans ses goguettes ; c’était, dit-on, son épithalame pour son mariage avec la fille de Pharaon ; mais est-il naturel que le gendre de Pharaon quitte sa bien-aimée pendant la nuit, pour aller dans son jardin des noyers que la reine coure tout feule après lui nus piés, qu’elle soit battue par les gardes de la ville, & qu’ils lui prennent sa robe !

La fille d’un Roi aurait-elle pu dire : Je fuis brune, mais je fuis belle, comme les fourrures de Salomon ? On passerait de telles expressions à un berger, quoiqu’après tout il n’y ait pas grand rapport entre la beauté d’une fille, & des fourrures. Mais enfin, les pelisses de Salomon pouvaient avoir été admirées de leur temps ; par un juif de la lie du peuple, qui faisait des vers pour sa maîtresse, pouvait fort bien lui dire dans son langage juif, que jamais aucun roi juif n’avait eu des robes fourées aussi belles qu’elle ; mais il eût falu que le Roi Salomon