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[m' chant V. 549

Le beau Covelle et sa reine d'amour,

Avec Bonnet buvaient le long du jour

Pour soulager la publique misère.

Au cabaret le bon milord payait ;

Des indigents la foule s'y rendait ;

Pour s'en défaire, Abington leur jetait

De temps en temps de l'or par les fenêtres :

Nouveau secret, très-peu connu des prêtres.

L'or s'épuisa, le secours dura peu.

Deux fois par jour il faut qu'un mortel mange;

Sous les drapeaux il est beau qu'il se range,

Mais il faudrait qu'il eût un pot-au-feu.

C'en était fait; les seigneurs magnifiques^ Allaient subir le sort des républiques, Sort mallieureux qui mit Athène aux fers, Abîma Tyr et les murs de Carthage, Cliangea la Grèce en d'horribles déserts. Des' fils de Mars énerva le courage. Dans des filets- prit l'empire romain. Et quelque temps menaça Saint-Marin'. Hélas! un jour il faut que tout périsse! Dieu paternel, sauvez du précipice Ce pauvre peuple, et reculez sa fin !

Dans le conseil le doux Paul Gallatin Cède à l'orage, et, navré de tristesse, Quitte un timon qui branlait dans sa main.

Nécessité fait bien plus que sagesse. Cramer un jour, ce Cramer dont la presse *

1. Quand les citoyens sont convoqués, le premier syndic les appelle souverains et magnifiques seigneurs. {Note de Voltaire, 17G8.)

2. Les filets de saint Pierre. Les curieux ne cessent d'admirer que des corde- liers et des dominicains aient régné sur les descendants des Scipions. (Id., 1768.)

3. Le cardinal Albéroni, n'ayant pu bouleverser l'Europe, voulut détruire la république de Saint-Marin en 1739. C'est une petite ville perchée sur une mon- tagne de l'Apennin, entre Urbin et Rimini. Elle conquit autrefois un moulin; mais, craignant le sort de la république romaine, elle rendit le moulin, et demeura tran- quille et heureuse. Elle a mérité de garder sa liberté. C'est une grande leçon qu'elle a donnée à tous les États. (Id., 17(58.)

4. Dans les éditions in-8° et in-lG de 17C8, et dans celle de 1772, au lieu de Cramer on lit Brimer. Une note de la page 57 de l'édition in-16 dit de substituer Cramer à Brimer. Dans l'édition de 1772, on lit en note : « Voici encore un nom propre défiguré : la véritable orthographe demandait un C au lieu d'un li, et un a au lieu d'un t. Au reste, on ignore pourquoi l'auteur ne fait point ici au cadet Cram.. l'honneur de parler de lui; il n'est pas moins bon acteur que son frère,

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