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i-i CHANT Iir. 537

De ([ui Lausanne admire la science; De son grand art il connaît tout le fin ; Aux impotents il prescrit l'exercice-, D'après Ilaller, il décide qu'on Suisse Qui but trop d'eau doit guérir [)ar le vin. A ce seul mot Covelle se réveille ; Avec Bonnet il vide une bouteille, Kt puis une autre : il reprend son teint frais, 11 est plus leste et plus beau que jamais. Mais Catherine, hélas! ne pouvait boire; De son amant les soins sont superflus : Bonnet prétend qu'elle a bu Tonde noire; Robert disait : « Qui ne boit point n'est plus. » Lors il se pâme, il revient, il s'écrie, Fait retentir les airs de ses clameurs, Se pâme encor sur la nymphe chérie. S'étend sur elle, et, la baignant de pleurs. Par cent baisers croit la rendre à la vie ; Il pense même en cet objet charmant Sentir encore un peu de mouvement : A cet espoir en vain il s'a])andonne, Bien ne répond à ses brûlants efforts. <t Ah ! dit Bonnet, je crois, Dieu me pardonne ! Si les baisers n'animent point les morts. Qu'on n'a jamais ressuscité personne. » Covelle dit : « Hélas ! s'il est ainsi. C'en est donc fait, je vais mourir aussi.» Puis il retombe ; et la nuit éternelle Semblait couvrir le beau front de Covelle. Dans le moment, du fond des antres creux Venait Rousseau suivi de son Armide, Pour contempler le ravage homicide Qu'ils excitaient sur ce bord malheureux; Il voit Robert qui, penché sur l'arène. Baisait encor les genoux de sa reine, Roulait des yeux, et lui serrait la main. — Que fais-tu là? lui cria-t-il soudain. « Ce que je fais? mon ami, je suis ivre De désespoir et de très-mauvais vin :

Voltaire se plaignait de cette altération; voyez sa lettre à d'Argence de Dirac, du 10 juillet 17G7. (B.) *

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