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Robert Covelle, au sortir d'un sermon Qu'avait prêché l'insipide lîrognon ', Grand défenseur de la vieille doctrine, Dans un réduit rencontra Catherine Aux grands yeux noirs, à la fringante mine, Qui laissait voir un grand tiers de téton Eebondissant sous sa mince étamine. Chers habitants de ce petit canton, Vous connaissez le beau Robert Covelle, Son large nez, son ardente prunelle. Son front altier, ses jarrets bien dispos. Et tout l'esprit qui brille en ses propos. Jamais Robert ne trouva de cruelle '-. Voici les mots qu'il dit à sa pucelle : « Mort de Calvin! quel ennuyeux prêcheur Vient d'annoncer à son sot auditoire Que l'homme est faible et qu'un pauvre pécheur Ne fit jamais une œuvre méritoire? J'en veux faire une. » Il dit, et dans l'instant, Catherine, il vous fait un enfant. Ainsi Neptune en rencontrant Phillyre, Et Jupiter voyant au fond des bois La jeune lo pour la première fois. Ont abrégé le temps de leur martyre ; Ainsi David, vainqueur du Philistin, Vit Bethsabée, et lui planta soudain. Sans soupirer, dans son pudique sein Un Salomon et toute son engeance ; Ainsi Covelle en ses amours commence ; Ainsi les rois, les héros, et les dieux, En ont agi. Le temps est précieux.

Bientôt Catin dans sa taille arrondie Manifesta les œuvres de Robert. Les gens malins ont l'œil toujours ouvert, Et le scandale a la marche étourdie. Tout fut ému dans les murs genevois ; Du vieux Picard ^ on consulta les lois ;

\. Prédicant genevois. {Note de Voltaire, 1708.)

2. Tout le monde connaît ce vers do Boileau (sat. VIII, v. 208.)

Jamais surintendant ne connut de cruelle. (B.)

3. Calvin, chanoine de Noyon. (IS'ote de Voltaire, 1708.)

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