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<poem> De quoi m’aura servi ma suprême puissances Qui ne dit rien aux sens, qui ne dit rien au cœur ? Brillante opinion, fantôme de bonheur, Dont jamais en effet on n’a la jouissance.

J’ai cherché ce bonheur, qui fuyait de mes bras,

Dans mes palais de cèdre, aux bords de cent fontaines ; Je le redemandais aux voix de mes sirènes : Il n’était point dans moi, je ne le trouvai pas.

J’accablai mon esprit de trop de nourriture,

A prévenir mon goût j’épuisai tous mes soins ; Mais mon goût s’émoussait en fuyant la nature : 11 n’est de vrais plaisirs qu’avec de vrais besoins. Je me suis fait une étude De connaître les mortels ; J’ai vu leurs chagrins cruels, Et leur vague inquiétude, Et la secrète habitude De leurs penchants criminels.

L’artiste le plus habile

Fut le moins récompensé ; Le serviteur inutile Était le plus caressé ; Le juste fut traversé, Le méchant parut tranquille. <poem>

1. Magnificavi opéra mea, œdificavi domos… [Cap. ii, v. 4.] Possedi servos et ancillas. [Cap. ii, v. 5.]

Coacervavi mihi argentum et aurum, et suhslantias regum et provinciarum- Feci mihi cantatores et cantatrices... [Cap. ii, v. 8.] Feci hortos et pomaria... [Cap. II, V. 5.J Et omnia quœ desideraverunt uculi met, non negavi eis... [Cap. ii, V. 11-1 Vidi in omnibus vanitatem et afIJiclionem animi... [Cap. ii, v. il.] El idcirco tœduit me vitœ meœ. [Cap. ii, v. 17.J

J’ai entrepris de grandes choses, j’ai bâti des palais, j’ai eu des esclaves, j’ai fait de grands amas d’or, j’ai accumulé les substances des rois et des provinces, j’ai eu des musiciens et des musiciennes, et j’ai planté des jardins; je ne me suis refuse aucun désir ; j’ai reconnu qu’il n’y avait que vanité et affliction d’esprit : la vie m’est devenue insupportable. (Note de Voltaire.) ,

2. Rursus detestatus sum omnem industriam meam. [Cap. ii, v. 18.] Nam cum alius laboret in sapientia et doctrina... Et hoc ergo vanitas. [Cap. ii, v. 21.]

J’ai regardé ensuite avec détestation mes applications, après avoir cherché en vain la doctrine et la sagesse. {Id.)

3. Verti me ad aliud, et vidi suh sole nec velocium cursum... nec arlificuni gratiam. [Cap. ix, v. 11. j

J’ai tourné mes pensées ailleurs. J’ai vu que, sous le soleil, le prix n’était point pour celui qui avait le mieux couru, ni la faveur pour l’artiste le plus habile. {Id.)

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